12/15/2017

Brassage

Autrefois c'était plus simple, dit l'Avocate. Les enfants étaient scolarisés à l'école du village, respectivement du quartier. Ils n'avaient que quelques pas à faire depuis chez eux pour rejoindre l'école. Leur empreinte carbone était indétectable. L'école du village ou du quartier a aujourd'hui disparu, le ramassage scolaire a pris le relais. Les enfants se lèvent avant l'aube pour prendre le car scolaire: car qui les mènera au chef-lieu du canton ou du département. Entre une demi-heure et une heure de trajet sur des routes souvent sinueuses et chaotiques. Le soir, même trajet, mais en sens inverse. Merci pour l'environnement. Les enfants intériorisent ainsi leur future condition d'androïde pendulaire, délocalisable à merci, dit l'Ethnologue. C'est bon pour l'économie. Il ne faut pas vivre dans l'entre-soi, dit la Poire. C'est très dangereux, l'entre-soi. Il faut que les gens bougent. Plus ils bougent, mieux c'est. On favorise ainsi l'ouverture, le brassage social. Parfois aussi il y a des accidents, dit l'Avocate. Hier par exemple: six morts à un passage à niveau, plus une dizaine de blessés graves. Le risque zéro n'existe pas, dit la Poire*.

* France Info, 14 décembre 2017, en soirée.