12/06/2016

50 %, disons

Voici d'autres chiffres, dit le Cuisinier. En gros, comme vous le savez, plus de la moitié des mariages se terminent aujourd'hui par un divorce. Certains pensent que c'est beaucoup. Personnellement, je pense que c'est très peu. Ah bon, dit la Poire? Il y a quelques années, une femme avait déposé plainte contre son mari parce qu'elle s'estimait délaissée, dit le Cuisinier. Le mari n'accomplissait pas son devoir conjugal. Vous vous dites peut-être que la plainte a été classée. En aucune manière. Non seulement elle n'a pas été classée, mais le mari a été condamné à 10'000 (je dis bien dix mille) euros de dommages intérêts*. A juste titre, dit la Poire. "Celui qui se prive de tous les plaisirs comme un rustre devient une sorte d'être insensible", relève Aristote**. C'est très répréhensible. De plus, sachez-le bien, c'est contraire aux droits de la femme. Je ne discute pas ce point, dit le Cuisinier. La question que je soulève est d'ordre statistique. Pourquoi si peu de gens divorcent-ils? 50 %, effectivement, si l'on tient compte de ce qui précède, c'est très peu. Comme vous le savez, il est interdit de critiquer une décision de justice, dit la Poire. Les gens s'en abstiennent donc, au moins publiquement. Ils montrent par là qu'ils respectent les autorités. 50 % d'entre eux, disons. Ne me dites pas que c'est trop. Si c'est ce que vous pensez, dit le Cuisinier.

* Le Monde, 1er et 14 décembre 2011.
** Ethique à Nicomaque, 1104 a 24.