12/14/2014

Hébétude

Lentement mais sûrement, l'Europe est en train de basculer dans la guerre, dit le Cuisinier. Or très peu de gens en ont conscience. Les mouvements anti-guerre sont muets, on se demande même s'ils existent encore. On compte sur les doigts d'une main les intellectuels ou responsables politiques européens se hasardant, ô combien prudemment d'ailleurs, à critiquer les initiatives états-uniennes à l'Est. Aucun appel, non plus, à manifester dans la rue, comme ce fut encore le cas lors de la guerre en Irak, en 2002. A quoi cela tient-il? Pour une part, sans doute, au sentiment de fatalité. Les gens pensent que l'histoire se fait désormais sans eux, qu'ils n'ont plus prise sur rien. Ils pensent également qu'il n'y a aucune alternative à rien: ni aux Américains, ni au reste. Les choses se font parce qu'elles doivent se faire, de la manière aussi dont elles doivent se faire. Etc. Les gens sont aujourd'hui habitués à penser ainsi. Ils sont fatalistes, mais aussi apathiques. N'importe quoi aujourd'hui pourrait se produire, rien ne les arracherait à leur hébétude profonde, hébétude, faut-il le dire, habilement entretenue. On les dirait sous anesthésie. Bref, jamais le système n'est apparu aussi verrouillé, cadenassé. Quant aux médias, ils trouvent naturellement tout cela très bien.