9/04/2013

Effacer l'histoire

Le Monde faisait écho l'autre jour aux déclarations du directeur général des antiquités et des musées de Syrie, dit l'Etudiante. Il décrivait, devant des experts réunis à l'Unesco, les destructions et pillages sur les sites antiques de son pays: "C'est l'histoire du pays qui est en jeu, disait-il. La politique change, les gouvernements changent, mais l'histoire du pays ne change pas. On est là depuis des millénaires, je suis un [...] professionnel, je défends l'histoire de la Syrie"*. L'intervention américaine en Irak, il y a dix ans, avait déjà produit les mêmes effets. Quantité de sites archéologiques, à l'époque, avaient été vandalisés. D'innombrables pièces de musée avaient également disparu. Ils remettent ça, mais cette fois en Syrie. Il faut préciser l'enjeu, dit l'Avocate. Syrie, Irak, ces deux pays ont une très vieille histoire. C'est là, en fait, que commence l'histoire humaine. Un auteur l'a d'ailleurs dit il y a une cinquantaine d'années: "L'histoire commence à Sumer". Mais cela ne plaît peut-être pas à tout le monde. Cette guerre est aussi l'occasion de remettre les compteurs à zéro.  On efface tout et on recommence. C'est un des buts aussi de cette guerre. Elle a pour but d'effacer l'histoire. "Nous sommes là depuis des millénaires", dit cet homme. En soi il a raison, mais il lui faut maintenant parler au passé: nous étions. Une ère nouvelle commence, du passé faisons table rase. C'est bon aussi pour l'économie.

* Le Monde, 31 août 2013.