12/01/2011

Très floue

Traditionnellement on distingue l'armée de la police, dit l'Auteur. Mais la frontière est aujourd'hui très floue. D'un point de vue fonctionnel, l'armée et la police ne sont que les deux branches d'un seul et même complexe, le complexe sécuritaire, complexe incluant en lui les forces armées, certes, mais aussi les personnels en charge de la sécurité intérieure: policiers, gendarmes, espions, contre-espions, police administrative, environnementale, etc. Quantité de gens, donc. On est au-delà aussi de la dualité public-privé. Si beaucoup de ces personnels, policiers ou militaires, appartiennent à la fonction publique, d'autres, en revanche, tout aussi nombreux d'ailleurs (sinon même davantage), travaillent pour des entreprises de sécurité privée, des sociétés de gardiennage, etc. Mais les donneurs d'ordre restent les mêmes. Contrairement à ce qu'on entend dire parfois, le monopole de la violence physique légitime (Max Weber) n'est donc en rien remis en cause. Il s'est même plutôt renforcé. Un mot encore. Quand on dit que l'armée et la police ont aujourd'hui fusionné, cela signifie en réalité que la fonction militaire s'est rabattue sur la fonction policière. Il n'y a plus aujourd'hui, comme vous le savez, d'ennemi extérieur. Il a été remplacé par l'ennemi intérieur. L'armée apparaît ainsi de plus en plus comme un simple appendice de la police. Les états-majors se recentrent sur le quadrillage des villes, la "guerre contre le terrorisme", la participation, sous supervision américaine, à de soi-disant opérations de "maintien de la paix", les "catastrophes naturelles", la virologie sur Internet, etc. Penser aujourd'hui la guerre, c'est penser la guerre civile.