11/05/2007

Soi-disant

Ecoutez voir, dit l'Etudiante: "Le thème de la surpopulation a fait réémerger les idéologies néomalthusiennes fondées sur l'idée que la principale cause de la dégradation de l'environnement vient de la soi-disant surpopulation". Et encore: "La mentalité catastrophiste devient idéologique quand elle se nourrit de ce pessimisme anthropologique qui ne conçoit pas l'homme comme une ressource (...) Ce pessimisme et cette méfiance pour l'homme se transforment alors en une confiance extrême pour les techniques sélectives comme l'avortement et la stérilisation de masse". Déjà ce style, dit le Collégien. Ces "ismes" en série. C'est le style scientifique, dit le Grammairien. Autant que possible, quand tu parles, la forme doit s'adapter au contenu. "La soi-disant surpopulation", dit l'Auditrice. Ils donnent vraiment l'impression de savoir de quoi ils parlent. Ce n'est pas nouveau, dit l'Ethnologue. Il n'y a pas si longtemps encore, souviens-toi, ils croyaient que le soleil tournait autour de la terre. C'était un dogme. Et bien sûr les idéologues ce sont les autres, dit l'Etudiante. En revanche, dit l'Auditrice, ils maîtrisent bien certaines techniques de base, l'amalgame abusif par exemple. Ce n'est parce qu'on aborde les problèmes liés à la surpopulation (problèmes, hélas, bien réels), ou encore qu'on parle du "fléau de la surpopulation" (James Lovelock, La Revanche de Gaïa, Flammarion, 2007, p. 19), qu'on se transforme par là même en adepte de "l'avortement de masse". C'est de la calomnie pure. Prenons le temps de comprendre, dit l'Ethnologue. Comme tu le sais, ils n'admettent qu'une seule et unique forme de sexualité: celle ordonnée à la procréation. Le reste, à les en croire, serait contre-nature. Ces choses-là ont pour eux une grande importance, ils ne cessent en toute occasion d'y revenir. Le véritable enjeu, il est là. Ce n'est pas tant l'avortement qui est en cause que le préservatif. Etant hostiles au préservatif (à la contraception, etc.), ils ne sauraient que rejeter les thèses écologistes, celles, en particulier recommandant un certain repli démographique et économique. Selon eux, la terre pourrait très bien nourrir 50 milliards de personnes. Ou même 100, pourquoi pas. Elle le peut, car elle le doit. A quel prix et dans quelles conditions, ils ne se posent évidemment pas la question. C'est absurde, dit l'Auditrice. A tes yeux peut-être, mais aux leurs non, dit l'Ethnologue. A leurs yeux, ce qui est absurde, c'est de porter atteinte à la loi naturelle. Enfin, à ce qu'ils appellent la loi naturelle: celle d'Aristote, acclimatée à la morale bourgeoise du XIXe siècle. C'est ça, à leurs yeux, qui est absurde. Que dis-je, criminel. La fin naturelle de l'acte sexuel étant la procréation, il en découle logiquement que les ressources terrestres sont illimitées. Tu me suis? Elles sont illimitées, car autrement il leur faudrait renoncer à l'idée de loi naturelle, à tout le moins en réinterpréter complètement le concept, le repenser. Or il n'en est évidemment pas question. Tout sauf ça. Plutôt mourir sans préservatif que vivre avec. Et dire qu'ils se réclament du christianisme, dit l'Avocate. Quelle image en donnent-ils. Là, je te rassure tout de suite, dit l'Auteur. Nous ne sommes plus aujourd'hui à l'époque de Galilée. Les gens font très bien la différence. Tu sais quoi, dit l'Etudiante: on devrait leur demander d'inaugurer le prochain salon de l'auto à H... Les automobilistes dépriment un peu ces temps-ci. Ca leur remonterait le moral.