3/21/2007

Eh bien, ils passent

Aujourd'hui je me retrouve complètement seul, dit le Double. Je ne sais plus où aller. Il te reste encore les orthodoxes, dit le Cuisinier. Le ritualisme intemporel de l'orthodoxie. Croyez-moi, dit le Moine: ce n'est même plus la peine. Tenez, dit l'Etudiante, dimanche dernier je suis allée au temple. Habituellement les pasteurs sont en noir, celui-là pour une fois était en blanc: l'aube du prêtre, j'imagine. L'homélie a duré une dizaine de minutes, on ne peut pas dire qu'il se soit foulé. En fait ce n'était même pas un culte mais un concert-culte, avec le choeur du conservatoire local. Les églises transformées en salles de concert, pourquoi pas, je ne suis pas contre. Mais de préférence pas le dimanche matin, n'est-ce pas? En prime, il faut le dire, la musique n'était pas terrible. Qu'est-ce que je dirais: fin XIXe, début XXe. Et ça traînait, ça traînait... Au bout d'une quarantaine de minutes je me suis levée pour rentrer chez moi. Vous connaissez l'Evangile, dit l'Auteur: le ciel et la terre passeront, etc. Eh bien, ils passent. Mais mes paroles ne passeront pas, lit-on aussi. Ce qui est intéressant, c'est ce type en blanc, dit le Double. Si j'étais ce que je ne suis pas (ou n'étais pas ce que je suis), je dirais qu'il a un problème d'identité. Que je sache, le pasteur n'est pas un prêtre, mais un enseignant. Il porte donc normalement la robe noire de l'enseignant. Nous avons tous aujourd'hui des problèmes d'identité, dit l'Auteur. Toi, moi, l'Etudiante, le Moine, le Cuisinier, tout le monde. C'est ce qui rend la vie intéressante. Autrement, elle serait très ennuyeuse.