11/13/2006

Tous les droits

On pourrait en dire autant du terrorisme, dit l'Avocate. Sur ce thème, je te recommande un bon livre, celui de Jürgen Elsässer: Comment le Djihad est arrivé en Europe (Xenia, 2005). Officiellement, on le sait, les dirigeants combattent le terrorisme. Ils le combattent, certes, mais ne se font pas faute en même temps de le favoriser en sous-main, comme on l'a vu il y a une vingtaine d'années en Afghanistan, puis plus récemment dans les Balkans. Les terroristes du 11 septembre étaient pour la plupart d'ex-agents occidentaux, recrutés à l'époque de la guerre en Bosnie. Tous étaient naturellement suivis à la trace, leurs moindres faits et gestes étaient connus. Nul n'ignore par ailleurs que le jihad s'enseigne aujourd'hui ouvertement en Europe. Prêches, publications, CD-roms, sites spécialisés, rien ne manque. Bref, on nage en pleine hypocrisie. Mais ça marche. Quinze jours à peine déjà après les attentats du 11 septembre, les premiers textes anti-terroristes sortaient des tiroirs de l'administration. Evidemment ils étaient prêts depuis longtemps. On n'attendait que la première occasion. Puis en sont sortis d'autres, et d'autres encore. Le résultat? Abolition de l'habeas corpus, carte nationale d'identité biométrique, contrôle à distance, mandat d'arrêt européen, fouilles préventives généralisées, écoutes électroniques, croisements de banques de données, etc. Merci, M. Ben Laden. Au nom de la lutte contre le terrorisme, la police s'arroge aujourd'hui tous les droits. Quelques rares protestations se font parfois entendre, mais elles se perdent rapidement dans le vide, sans autre effet, le plus souvent, que de valoir à leurs auteurs d'être eux-mêmes fichés, mis sous observation.