10/06/2006

La vérité

En soi, ce n'est pas un problème, dit le Sceptique. Il est relativement facile de tourner la censure. On ne te demande pas d'être un virtuose, il suffit de bien choisir tes mots. En règle générale, les gens savent assez bien lire entre les lignes. Ou encore te comprennent à demi-mot. Ils savent aussi très bien interpréter ton silence. Quand tu ne parles pas de certaines réalités, ils en viennent tout naturellement à se demander pourquoi tu n'en parles pas. Et relativement vite, ils trouvent la réponse. Prends par exemple Machiavel. Il a, certes, beaucoup écrit, mais comme l'a bien montré Leo Strauss, c'est surtout dans ses silences qu'il s'exprime. C'est là qu'il dit le plus de choses. Et donc il faut aller au-delà du texte,  voir ce qui se cache derrière le texte. L'habitude s'en acquiert assez vite. Mais laissons de côté Machiavel. Avant tout il y a l'expérience, l'expérience vécue des gens. La vérité, crois-moi bien, tout le monde la voit. Tout le monde la voit, parce qu'elle s'écrit en gros caractères, si gros même qu'il faut être réellement  aveugle pour ne pas la voir. Il est très difficile aussi d'abuser les gens. Les gens sentent en fait très bien, quand on leur parle, si ce qu'on leur dit est vrai ou faux. Ecoute un peu la Cheffe (ce n'est qu'un exemple). Rien qu'à son ton de voix, tu sais déjà qu'elle ment. Elle aurait beau suivre des cours pour apprendre à mieux mentir (elle en suit), ça transparaîtrait quand même. C'est rédhibitoire. Certains, il est vrai, avec ou sans cours, réussissent à donner le change. Mais ils sont rares. Et ça ne dure jamais très longtemps. Ils se démasquent assez vite.