10/04/2006

Compare un peu

Il faut quand même être juste, dit l'Auditrice. Souviens-toi, ils ont invité une fois Chahdortt Djavann, tu sais: l'auteur de Que pense Allah de l'Europe. Ca, tu ne peux pas le nier. Effectivement, dit l'Ethnologue, ils ont invité une fois Chahdortt Djavann. A l'époque, je le reconnais, ça m'avait moi-même surpris. Je me demandais ce qui se passait. Et alors? C'est l'exception qui confirme la règle. On pourrait aussi parler d'alibi. Quand on les accuse de ceci ou de cela, ils peuvent toujours rétorquer: c'est faux, nous invitons aussi Chahdortt Djavann. Oui, ils l'ont invitée. Une ou deux fois peut-être, je ne sais pas. Mettons trois. Compare un peu maintenant avec le nombre de fois où ils ont invité le Frère, l'Intellectuel, le Théologien, l'Enseignant, le Prédicateur, etc. Plus un nombre indéterminé de sympathisants, en bon français de compagnons de route. Là encore, comment ne pas faire la comparaison avec ce qui se passait à l'époque du communisme? D'un côté il y avait la routine, le train-train quotidien, les euphémismes à n'en plus finir, mais de temps à autre aussi, quand même, ils invitaient un mal-pensant, quelqu'un appelant un chat un chat, n'hésitant pas, le cas échéant, à citer Robert Conquest, Soljénitsyne ou Raymond Aron. Evidemment ils enrageaient, ça les faisait grimper au mur, mais ils savaient que c'était le prix à payer. Ils étaient ainsi couverts. Personne, ensuite, ne pouvait plus les accuser de rien. Ce système s'est perpétué jusqu'à la chute du mur de Berlin. Ensuite évidemment, comme il n'y avait plus d'enjeu, ça s'est arrêté. Maintenant ça repart. Ils n'ont fait que changer de disque.